Dans la chambre vaudoue, il y a des projets à peine démarrés dont tout le monde a oublié l'existence, des jeux presque terminés qui avaient fait sensation... Et puis il y a Sukiya qui est tout simplement légendaire. C'était la troisième aventure de Jérôme Lange après le très bon Manoir de Mortevielle et l'extraordinaire Maupiti Island. Elle se déroulait au Japon, et les premiers écrans diffusés très tôt (dès 1990) ont fait baver tous les joueurs sur micro de l'époque. Hélas, Lankhor avait une mauvaise habitude : sortir un jeu à la fois, chacun finançant en partie le suivant.
L'échec commercial de Black Sect signera la fin du projet Sukiya, sans que l'on sache très bien où en était son développement. Aujourd'hui, de nombreux joueurs rêvent encore de le voir achevé un jour...
Car Jean-Luc Langlois, fondateur du studio, a gardé en tête ce projet pendant un bonmoment. Avec un scénario ficelé aux petits oignons par Sylvain Bruchon, auteur de l’épisode précédent, le serpent de mer Sukiya ressort
des cartons en 1999 avec des rumeurs de 3D. Malheureusement, n’aura le temps de sortir que des softs modestes et sympathiques (Ski Park Manager Val d’Isère) mais pas assez rentables face aux mastondontes du business.
La fermeture du studio yvelinois en 2001 termine le rêve.
En fouillant quelques forums, on s’aperçoit que les rushs du projet ont fuité à l’issue de la dissolution.
D’après des traces sur d’anciens matériels de la société, on y apprend que l’histoire était belle et bien terminée et que les dialogues étaient en boite. Un sujet dans la continuité des deux derniers épisodes, puisque n’était
qu’une étape dans le voyage de Jérôme Lange afin de retrouver son ami Max, le majordome du Manoir
de Mortevielle, en villégiature à Sukiya, un temple zen situé dans le Japon rural.
L’histoire se passerai toutefois en avril 1954, soit trois ans après les évènements de Maupiti Island.
Une fois arrivé, vous rencontrez la communauté monastique ainsi que quelques visiteurs plus ou moins de passage. Et puis, le drame : le professeur Camus, scientifique de renommée mondiale possédant un laboratoire sur place, est assassiné… L’enquête commence.
L’interface, on la devine et elle est confirmée avec de rares screens de l’époque : une reprise de Maupiti
Island, elle-même reprise du système du Manoir de Mortevielle mais simplifiée.
Pour les non-initiés : un écran, partagé entre la vue de notre protagoniste, une horloge pour ne pas se perdre
dans les cycles, une barre d’état, un encadré précisant les personnages en présence et enfin la fameuse barre d’action distinguant les destinations disponibles, votre inventaire, les actions, les actions personnelles (se cacher, …) et un menu système. On ne sait en revanche rien de l’interface d’interrogatoire, cet écran qui s’ouvrait lors des discussions avec les personnages présents.
Pour mémoire, Maupiti Island permettait de poser des questions certes, mais également de soudoyer, de contredire (via une commande de mémorisation), voire de tabasser votre interlocuteur !
Du jamais vu… Même si cette dernière commande n’aura apporté à votre serviteur autant de
distractions que de game over…

Ce jeu faisait honneur à la définition de Sukiya : il est un style d'architecture résidentiel japonais. Suki signifie « raffiné », « goût sûr » et «plaisir provoqué par des activités élégantes » ... Et tout est beau et élégant dans ce jeu. Les
décors sont fidèles au Japon traditionnel et les personnages, qui sont enfin modélisés à l’écran, sont finement détaillés. Car le travail graphique est réalisé par Stéphane Polard, un collaborateur de Maupiti et bien décidé à repartir sur les mêmes bases.
Mais bon, tant pis, n’en parlons plus… A moins que… En juin 2018 on apprend que des trublions du rétro gaming, la Z-team, ont bien l’intention d’offrir une vie à nos rêves. Ce petit groupe dispose en effet de tout ce qui est possible concernant Sukiya et lance fièrement une date de sortie, et à la grande surprise, pour la plateforme Megadrive ! Toutefois, la joie est rapidement calmée par Jean-Luc Langlois.
En effet, ce dernier demande à nos bienfaiteurs de lever le pied. La raison ? Le remake en VR de Maupiti Island est sur les rails.

Le lancement de Sukiya en même temps pourrait compromettre la sortie de cette résurrection vidéo ludique qui a eu un mal fou à se financer. On imagine ces petits malins rager autant que nous nous languissons de jouer à la merveille qui traine dans un tiroir. En attendant, ils se sont payés le luxe de sortir une pré-alpha disponible en téléchargement mais également sur Youtube et qui nous montre que le concept n’a pas pris une ride : c’est beau, c’est classe, et ça serait disponible en français pour les plus
difficiles d’entre nous.
Par conséquent, restons patient et ne posez pas trop de question : vous êtes trop curieux !

Pour les non connaisseurs, phrase qui signifiait votre fin abrupte et prochaine dans le manoir de Mortevielle !

Pour d'autres informations et de nombreuses captures d'écran de haute qualité, n'hésitez pas à visiter la page consacrée à Sukiya sur le site www.lankhor.net.