Postal
Titre provisoire
Loose Cannon
Série
Date de sortie
Genre
Age recommandé
Distribution en Espagne
Systèmes
systeme
Multijoueurs


#1990 #decors2dbitmap #etatsunis #objets2dbitmap #violence #vuepersp

titre Comme une lettre à la poste...

Postal, c'est le premier titre du jeune studio Running With Scissors, successeur du studio Riedel Software habitué aux jeux pour enfants exploitant les grosses licences. Et en 2024, le même studio poursuit cette histoire avec une saga qui s'avère sa seule vraie série, pour une des compagnies les plus anciennes encore en activité ! Une vraie référence du jeu vidéo, donc. Alors de quoi ça parle ?

Je vous le donne en mille, il n'y a pas vraiment d'histoire : Le type de la poste, c'est ce personnage en vue isométrique de trois quarts que vous incarnez (sauf dans deux niveaux où la vue est totalement vue de dessus). Dans le premier niveau, sobrement intitulé "Home", vous avez votre avatar qui a déjà fait du grabuge : la maison est cernée par une vingtaine de flics lourdement armés, et votre "type de la poste" (Postal Dude en anglais) a littéralement pété une durite : vous allez éliminer les forces de l'ordre, et accessoirement quelques voisins trop curieux qui s'aventurent autour de votre propriété.

Apparemment, votre pétage de plomb semble provenir de la décision de l'administration de vous expulser de votre maison, comme l'atteste le gros camion de déménagement qui est garé devant votre entrée. Un détail qui a de l'importance, la ville s'appelle Paradise et est située en Arizona.

titre In bed with Dude !

Postal Dude : vous incarnez ce type ordinaire, ce psychopathe des bas-fonds. Tout au long des seize niveaux (du jeu de base) et des quatre suivants (Postal Delivery, l'add-on de 1998), on suit les phrases délirantes du Dude dans son journal de guerre : Un vaste complot serait en marche contre lui, et chaque habitant de la ville serait partie prenante dans cette sombre histoire : Tuer les ennemis pour survivre, voilà le leitmotiv de ce redoutable cinglé que vous incarnez. Car le complot provient d'une contamination qui se répand parmi tous les habitants. Les hommes armés accomplissent le complot et les innocents habitants sont les agents pathogènes qui répandent le mal. Dans le menu, vous optez pour la configuration des touches au clavier et vous calibrez le niveau de difficulté, la couleur de votre veste et choisissez le mode solo, ou bien le multiplayer ou enfin le mode challenge.

En mode solo, vous démarrez votre tableau avec des forces armées qui se sont installées dans tous les recoins pour vous abattre, et des civils innocents grouillent sur les trottoirs. Entre la "population" et les "Hostiles", vous avez deux nombres de personnes vivantes et le compteur n'indiquera que le nombre d'hostiles tués. Lorsque vous atteignez un pourcentage donné (90% dans le niveau de départ intitulé Home), vous pouvez sauvegarder votre partie et passer au tableau suivant en appuyant sur F1.

Ah oui, premier bémol : pas de sauvegarde automatique et lorsque vous avez abattu tout ce qui bouge, vous ne passez pas automatiquement au niveau suivant. Si vous estimez disposer de peu de chances de vous en sortir et que vous décidez de recommencer le niveau (ou la campagne), vous pouvez également vous suicider en appuyant sur Q (touche par défaut) et votre décès s'accompagnera de la voix de votre conscience : "I regret nothing".

L'arme par défaut est un fusil automatique que vous ne rechargez jamais (!!) et qui est à munitions illimitées, mais a des effets médiocres. Pour changer d'arme, il faudra taper sur les chiffres de 1 à 9 dans l'ordre de votre inventaire, sachant que vous ramassez des caisses de munitions et des trousses de soins dans les recoins des décors. Pour avancer, vous diriger et courir, la configuration des touches est à décider dans les menus. Pas d'action à opérer : vous ne visiterez pas les bâtiments, et lorsque vous longez un mur derrière une palissade, vous pouvez voir votre ombre dans le décor pour ne pas être surpris (mais vous ne voyez pas les flics qui se cachent derrière les murs). Les armes sont constituées de flingues de gros calibres, de grenades, de lance-flammes au napalm, de roquettes, un arsenal immense dissimulé par vos poches pourtant si petites.

Le mode multi, que je n'ai pas testé, est apparemment le clou du jeu, avec jusqu'à 15 joueurs lâchés dans les décors de Paradise, à s'entretuer bien avant l'invention de Fortnite, ou à capturer le drapeau de l'équipe adverse. Le mode challenge propose cinq types d'épreuves (dans la formule Classic & Uncut de chez GOG) et il s'agit de phases en temps limité ou avec des objectifs précis. De quoi vous occuper à simuler des meurtres de masse pendant de longues heures !

titre Censeurs de tous les pays, unissez-vous !

Lorsque le jeu a été annoncé, au cours de l'été 1997, le jeu a fait l'objet d'un tir de barrage de tous les lobbies puritains de l'Amérique bien-pensante. Il faut dire que, à la différence de Doom (tuer des monstres) ou Duke Nukem (tuer des robots ou des mutants) ou à la rigueur Wolfenstein 3D (on tue certes des humains mais pour la bonne cause car ce sont des Nazis), ici on tue des voisins innocents que votre cerveau malade confond avec des exterminateurs. Pas de pitié, donc : les tirs sont incessants, les bruits des sirènes de voitures désespérées retentissent dans le silence plombé par la mort. Et des cris haletants de blessés agonisant vibrent avec des Help stridents, des pleurs suppliants, des cris rauques de policiers qui vous somment de vous rendre. Les chiens aboient au loin, la brume s'épaissit entre les tirs de roquettes, et vous avancez, votre manteau noir au vent. Ces images, à les regarder de près, renvoient à des scènes réelles sur des théâtres d'opérations de police après la vague d'attentats terroristes de 2001. Et on ne peut que frissonner davantage à la lumière des tueries postérieures, à Columbine comme au Bataclan.

Dès les premiers articles mentionnant ce jeu en développement, autour de l'été 1997, des voix réactionnaires se sont fait entendre au Congrès pour hurler contre ce jeu amoral qui allait sans doute faire basculer la jeunesse dans des passages à l'acte en temps réel. Le vent du scandale se répand avec l'option suicide : Pour la première fois dans l'histoire du jeu vidéo, votre avatar peut se suicider pour mettre un terme à une partie impossible à gagner. Et puis avec le jeu GTA, Postal fait de l'année 1997 une année de basculement dans le top de la violence à destination des plus jeunes. Le concert de protestations redouble lorsque le public découvre que l'on peut carrément faire feu sur une fanfare, et éradiquer 76 joueurs de cuivres ou de majorettes en plus de la police et des Swat présents dans toute la ville. La présence de barils d'essence ou de zones inflammables permet de s'en donner à coeur joie en utilisant des cocktails Molotov pour incendier vos ennemis. Pire ! La touche X, activée à proximité du policier qui tortille de douleur en pleurant, vous permet de l'achever à bout portant. En réponse aux lettres d'injures de parents conservateurs ou de puritains qui n'ont pas joué au jeu mais qui aspirent à le faire retirer du marché, les dirigeants de Running With Scissors répliquent avec un Santa Patch (disponible en page de téléchargement de la fiche) qui permet de tuer le Père Noel. Et pour répondre aux exigences de l'US Postal de retirer le titre ou d'attribuer des droits sur le label "Postal", le studio édite un Add-on avec un titre encore plus évocateur de la poste (Postal Delivery). La provocation se poursuit, avec des interviews de Vince Desi, l'un des fondateurs de Running With Scissors, qui argumente en faveur de son jeu qui n'est pas plus violent que les séries et films qui pullulent sur les écrans des ados.

Les ventes décollent, et le cap des 250000 copies vendues fait basculer le titre au rang de jeu de platine. Le jeu avait coûté un million de dollars à la production : les gains sont cinq fois supérieurs, signe que l'ultra-violence est un meilleur filon que les jeux à licence pour un public juvénile. C'en est trop pour l'un des chefs de file du mouvement puritain au Congrès, Joseph Lieberman, a qualifié ce jeu de "poison numérique" et a voué son combat à faire sortir le jeu du champ légal. Le jeu est interdit au Brésil, et doit comporter des avis spécifiques pour empêcher les parents d'acheter ce jeu sans en être avertis : Le jeu est violent et comporte des scènes choc".

Les membres de Running With Scissors se lancent dès lors dans une suite qui sortira en 2003, et qui sera tellement violente que plus de dix pays le censureront dont la France ! Mais la série est lancée pour de bon.

titre Au fait, pourquoi la poste ?

Aux Etats-Unis, l'expression "going postal" ("devenir fou comme un postier" dans l'idée) est liée à une série de meurtres de masse et de pétages de plomb qui ont affecté cette profession depuis les année 70. Dans l'argot américain, "going postal" est une expression devenue courante, et le studio a voulu donner un nom qui exprime l'idée de ce pauvre gars qui bascule dans la folie meurtrière, comme chaque être solitaire des villes qui sommeille en nous pourrait nous entraîner dans le meurtre de masse.

Inutile de vous dire que le nom Postal a valu au studio Running With Scissors un procès intenté par l'US Postal (équivalent états-unien de notre Poste nationale) non pas pour récuser la violence, mais pour obtenir des droits sur le nom du jeu ! Le procès a été perdu par la poste américaine, et le nom Postal apparaît fièrement dans toutes les suites et dans tous les addons de la saga.

En 1996, un niveau de Duke Nukem 3D était intitulé Going Postal et se déroulait dans un bureau de poste américain. Si le procès avait été gagné par l'US Postal, Duke Nukem aurait sans doute dû aussi passer à la caisse !

titre Conclusion

Une simulation de meurtres de masse....Voilà ce que l'on a écrit de ce jeu à sa sortie. Un Murder simulator...Sans doute réducteur pour qui s'y est frotté. Pour ma part, je préfère évoquer un jeu parodique. En 1998, le Congrès américain est en guerre contre la violence distillée par les jeux vidéo. Des voix s'élèvent contre les adorateurs de Doom ou de Mortal Kombat, et la team de Running With Scissors est bien décidée à en découdre (avec des ciseaux justement). Comme l'indique le test de Computer Gaming World dans son numéro 163, une fois que la controverse se dissipe, il reste un jeu médiocre... Mais à y regarder de plus près, on va se heurter à une violence matinée de l'hypocrisie du voisinage routinier : des voisins trop curieux, une fanfare bruyante, des manifestants hostiles à la violence des jeux vidéo (!!) vous allez vous défouler contre toute cette violence ordinaire, celle de nos sociétés qui fabriquent des exclus (postal dude est exclu de son logement) mais qui ne veulent pas les aider. Des armes circulent aux États-Unis, et un quart de siècle avant Trump, on ne disait déjà pas assez à quel point ce sont elles qui tuent, et non les jeux vidéo.

Postal est un élément contradictoire à un débat bien-pensant, et pour ce point au moins, a le mérite d'exister. Pour le reste, parce que les cris, les suppliques, les enfants qui meurent, les mares de sang qui suintent sur les trottoirs, tout ce cloaque viennent épouvanter certaines personnes, je ne me laisserai pas aller à un abandonware d'or.
Mais l'équipe si, parce que Postal a non seulement le mérite d'exister, mais il a le mauvais goût d'être une série qui dure encore à l'aune des années 2020. Tel un antidote à tout basculement dans la folie, un jeu qui endort le docteur Postal qui sommeille peut-être en vous, dans cette société qui offre à chacun un prêt-à-penser.



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