Gateway II : Homeworld

Paru en 1993, développé par Legend Entertainment Company, Gateway II est la suite directe de Gateway (ce qui n'est pas très étonnant). L'histoire est basée sur la série de la Grande Porte par Frederik Pohl, un classique de la science fiction couronné à sa sortie, en 1978, par le Nebula, le Locus et le Hugo, trois prestigieux prix américains.

Une retraite méritée ?

Robinette Broadhead (Rob pour les intimes) est maintenant immensément riche grâce aux découvertes qu'il a faites quand il était pilote de la Grande Porte (voir Gateway). Il coule des jours heureux dans son appartement luxueux de New-York malgré un syndrome du survivant qu'il cherche à atténuer avec de fréquentes visites chez le Dr Sigfrid von Shrink, l'IA psychanalyste. Ces derniers jours, l'apparition d'un immense artefact à proximité de Pluton ravive ses souvenirs. On sait que l'objet est artificiel puisque sa vitesse n'est pas constante. Est-ce un vaisseau Heechee ? Dans ca cas, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, ceux-ci sont pacifiques et ont déjà aidé les humains. Par contre, il se pourrait aussi qu'il appartienne aux Assassins, des extraterrestres animés par la volonté de détruire toute vie dans l'Univers. Une mission va donc être envoyée à la rencontre de l'objet céleste et Broadhead a été contacté pour un briefing avec les membres de l'équipage en tant que spécialiste des deux races extraterrestres. Alors qu'il se prépare à être emporté vers la base spatiale en hélicoptère, il est contacté par une source anonyme qui lui apprend que l'organisation terroriste "Dark Phoenix" dont les membres vénèrent les Assassins a envoyé un commando pour l'éliminer. Rob fait ce qu'il faut pour les ralentir, saute dans l'hélico et arrive à la base où il se prépare à donner sa conférence, quand celle-ci est à son tout attaquée. Broadhead retrouvera ses réflexes de survivant, barrera la route aux terroristes et finalement prendra les commandes du vaisseau qui l'amènera à l'artefact.

C'était mieux avant !

Gateway II est le dernier jeu d'aventures textuelles de Legend qui passera par la suite au point and click. L'interface, parfaitement rodée depuis Spellcasting 101 (1990), est un modèle du genre, mariant harmonieusement la souris et le clavier. Pour entrer une commande, vous sélectionnez un verbe présent dans la liste de gauche, ensuite un adverbe et enfin un élément parmi ceux qui sont disponibles à l'endroit où vous vous trouvez. C'est très simple et en même temps cela conduit à des myriades de possibilités d'interaction qui, grâce à l'exceptionnelle qualité de l'interpréteur syntaxique, auront pour la plupart une réponse appropriée. De plus, on évite de cette manière la recherche de l'expression exacte qui sera comprise par le jeu, si pénible dans certaines aventures textuelles (The Hound of Shadow, par exemple) et c'est une aide précieuse pour nous, Français, à l'anglais souvent déficient.

Hormis cette interface purement textuelle, vous disposez d'une fenêtre graphique où vous pouvez cliquer sur les objets apparents ce qui fera apparaître une description textuelle ou, si vous double-cliquez, effectuera une action liée à celui-ci. Cette fenêtre graphique dessinée en SVGA est réalisée de manière soigneuse mais les lieux sont souvent représentés de manière très géométrique, il faut attendre les scènes extraterrestres pour que le graphiste se lâche un peu. Vous avez aussi à votre disposition : une carte très simple, un inventaire, une rose des vents pour vous déplacer, etc. Le nombre de sauvegardes n'est pas limité. À certains moments, vous quitterez cette interface pour entrer des codes ou résoudre quelques énigmes. Vous aurez aussi l'occasion de regarder quelques cinématiques, là, le jeu accuse son âge puisque celles-ci consistent souvent en un objet se déplaçant sur un plan fixe comme dans l'intro (celle-là est particulièrement pauvre, les autres sont quand même plus jolies).

Excellent English Required

Le jeu n'est pas très difficile si vous possédez un niveau en anglais supérieur à la simple pratique scolaire. En effet, les textes souvent longs sont écrits dans un langage soigné utilisant beaucoup de vocabulaire. Il est indispensable de les lire soigneusement car ils contiennent les nombreux indices qui vous permettront d'avancer dans l'aventure.

Un classique de la SF

Si le premier Gateway était directement inspiré de "La Grande Porte", Gateway II est une création originale des scénaristes de Legend basé sur les romans suivants se passant dans le même univers. Ceux-ci sont au nombre de six et tous étaient édités chez J'ai Lu. La dernière parution datant d'une dizaine d'années, ils ne sont plus disponibles neufs. Par contre, ils sont vendus en nombre sur le marché de l'occasion.

Avec la série des Gateway, Frederik Pohl a inventé le space opera intimiste. Ici point de princesses barbares et de géants blonds aux gros biceps parcourant les galaxies, Robinette Broadhead n'est pas né héros, c'est un personnage assez commun au départ que les événements vont forcer à réagir pour survivre et qui sortira marqué de ces épreuves. Même si le jeu de Legend ne s'attarde pas trop sur la psychologie de son héros, il reste fidèle à l'ambiance générale des romans en évitant toute surenchère pyrotechnique.

Installation

Le jeu fonctionne sans difficulté particulière avec DOSBox.

Fabrice Debaque

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