Introduction

Battle Realms est un jeu de Stratégie en Temps Réel (ou STR pour les intimes) développé par le tout jeune studio Liquid Entertainment en 2001, et édité en Amérique du Nord par Crave Entertainment et en Europe par notre Ubi Soft national. Il s'agit du premier jeu de son studio de développement, co-fondé par le producteur Ed Del Castillo, qui était à l'époque loin d'être un débutant dans l'industrie. En effet, avant de co-fonder Liquid Entertainment, Ed Del Castillo était producteur chez Lord British Studios, les créateurs de la série Ultima mais aussi chez Firaxis, développeur de la saga Civilization.

Mais son travail le plus remarquable est chez un certain Westwood Studios, où Ed Del Castillo a travaillé comme producteur sur Command & Conquer : Tiberian Dawn ainsi que le premier Alerte Rouge. Avec un CV pareil, il est compréhensible que le genre STR ait été choisi par Del Castillo pour le premier jeu de son studio, et ce jeu, c'est justement Battle Realms.

Légende des Cinq Anneaux ou Légende des Quatre Clans ?

Battle Realms se déroule dans un univers médiéval-fantastique fictif, extrêmement inspiré du Japon féodal et du système clanique très présent lors de l'ère Sengoku, période historique couvrant la fin du XVème siècle et une bonne partie du XVIème siècle, où le pays connut de très importants changement sociaux et politiques. Néanmoins l'univers de Battle Realms ne se veut pas historiquement exact, car l'univers présenté est intégralement inventé, avec de la magie, des reliques divines, et des dieux. Certains pourraient y voir une référence, voire une inspiration prise de "Legend of the Five Rings" (aussi connu sous l'acronyme L5R), un jeu de cartes à jouer et à collectionner/jeu de rôle sorti en France à la même période mais qui était déjà implanté depuis plusieurs années outre-Atlantique.

Il n'existe néanmoins aucune preuve tangible que Liquid Entertainment se soit inspiré de L5R pour créer l'univers de Battle Realms, et la seule mention de cette possible référence est faite sur la page Wikipédia française du jeu, et il est vrai que en dehors du nom d'un des clans partagés entre les deux univers et l'ambiance médiévale fantastique japonaise, L5R et Battle Realms possèdent suffisamment de différences pour ne pas considérer que l'un s'est inspiré de l'autre. L'histoire de Battle Realms nous est contée au travers des yeux de Kenji, un jeune aventurier qui va vite nous faire un résumé de l'histoire du monde : Alors que La Horde détruisait tout sur son passage, le seigneur du Clan du Dragon de l'époque va utiliser une puissante relique héritée de leur divinité (appelée Le Dragon) afin de mettre un terme à cette invasion. Mais la puissance de ladite relique, l'Orbe du Serpent, déchirera le continent, mettant fin au règne du Clan du Dragon en dispersant les membres de ce dernier dans cette terre désormais ravagée. Les survivants, mus par la volonté de résister à tout prix, quitte à mettre de côté leur honneur formèrent le redoutable Clan du Serpent, et se mirent à piller et à ravager leurs anciennes terres pour survivre. L'histoire de Kenji se déroule des générations plus tard alors que ce dernier revient d'exil après avoir été accusé du meurtre de son père, ancien seigneur du Clan du Serpent, et là un choix s'offre au joueur : Kenji assiste à l'attaque d'un village de paysans par des bandits, et il a la possibilité de les défendre ou de se joindre aux attaquants. Ce choix sera déterminant pour le reste de la partie car défendre les paysans mettre Kenji sur la voie de la reconstruction du Clan du Dragon, là où rejoindre les bandits le mettra sur le chemin de la reconquête du Clan du Serpent, ce qui influencera la faction jouable durant la campagne.

Cette histoire à embranchements, plutôt novatrice pour l'époque, ajoute une certaine re-jouabilité à la campagne, ce qui est appréciable, nous permettant d'avoir une histoire et un gameplay différents, la faction et l'histoire n'étant pas la même. A noter que le manuel du jeu nous offre aussi une introduction narrée à l'univers, ce qui permet de s'impliquer encore davantage dans l'univers. Si la campagne de focalise sur le Clan du Serpent et le Clan du Dragon, deux autres clans sont disponibles notamment dans le mode Escarmouche : Tout d'abord, le Clan du Loup, un clan de guerrier très terre-à-terre, brutaux et très proches de la nature. Ce clan, longtemps réduit en esclavage par les clans du Serpent et du Lotus, parviendra à briser ses chaînes et regagner sa liberté. Le clan du Lotus, justement, est le dernier clan jouable : adeptes des arts sombres auxquels leurs ancêtres se sont adonnés pour survivre aux assauts de la Horde, ils possèdent une esthétique très différente des autres clans, très ténébreuse avec un accent mis sur la mort, la maladie et la magie noire.

Baston & Dragon

Battle Realms est donc un STR en vue plongeante avec un gameplay principal très représentatif du genre : le but va être de gérer ses ressources, sa population et ses hommes en construisant des bâtiments, en formant des troupes pour ensuite ravager le camp adverse en prenant garde à ne pas se faire détruire ses précieux bâtiments en retour. Si vous avez déjà touché à des titres comme Command & Conquer, Warcraft ou Age of Empires, vous connaissez la musique et ne serez pas dépaysés. Cependant, Battle Realms possède tout de même un certain nombre de paramètres uniques qui risquent fort de surprendre même les habitués des jeux de ce style tant leur impact peut être déterminant lors d'une partie.

Le premier point unique de Battle Realms est son système de création d'unités : les paysans, qui récoltent l'Eau et le Riz, les deux ressources du jeu apparaissent gratuitement et automatiquement depuis la Hutte de Paysan, le premier bâtiment que l'on peut construire. Cependant, plus on possède de paysans, plus ces derniers sont produits lentement. Ils peuvent ensuite être assignés à la construction de bâtiments, à la récolte de riz dans les rizières, ou à la récolte d'eau sur les points d'eau de la carte. A noter que l'on peut aussi demander aux paysans d'arroser le riz afin d'en accélérer la croissance et permettre une récolte en continu, ce qui est très important pour maintenir une économie constante.

Mais les paysans ont un autre rôle majeur qui constitue le second point qui fait l'unicité de Battle Realms : c'est en envoyant les paysans s'entraîner dans les divers bâtiments que l'on possède, que l'on peut produire les unités militaires. Ainsi, par exemple, envoyer un paysan dans un Dojo en fera un Lancier, là où l'envoyer dans un camp de tir à l'arc en fera un archer. Il faut donc constamment maintenir un équilibre entre assigner les paysans à la récolte des ressources, la construction de bâtiments ou les utiliser pour créer de nouvelles unités.

Néanmoins les unités militaires produites peuvent être également entraînées de nouveau dans un bâtiment militaire autre que celui ayant servi à produire l'unité de base afin de produire une unité plus puissante. Ce "mélange", par exemple, va donner le Guerrier Dragon lorsqu'un Lancier ira s'entraîner dans un Camp de Tir à l'Arc ou si un Archer ira s'entraîner dans un Dojo. Ces unités sont généralement plus puissantes mais possèdent également de nouvelles caractéristiques, résistances et faiblesses, il est donc nécessaire de connaître chaque chaîne d'entraînement possible de façon à pouvoir faire face aux défis qui nous attendent dans Battle Realms. Mais les unités peuvent aussi être améliorées sans devoir s'entraîner de nouveau pour donner des troupes plus puissantes, et c'est là qu'entrent en jeu les points de Yin et de Yang : Cette ressource a la particularité de ne pas se récolter, mais de s'obtenir en combattant, avec certains paramètres définissant les points de Yin et de Yang que l'on obtient. Ainsi, affronter les troupes ennemies loin de sa base permet d'obtenir davantage de points, points qui peuvent ensuite être dépensés pour obtenir des améliorations pour nos unités. A l'inverse, résister à une attaque ennemie au sein de son village ne rapportera pas ou très peu de points, ce système favorise donc les attaques rapides et l'agressivité afin d'obtenir ces précieux points de Yin et de Yang. A noter qu'il est possible de dépenser ces points pour appeler des Héros, des unités uniques bien plus puissantes et possédant des capacités spéciales. Ces héros peuvent avoir un grand impact durant la partie, bien qu'ils ne soient pas aussi déterminants dans les combats que dans d'autres STR, notamment Warcraft 3.

Le dernier point unique majeur de Battle Realms est l'impact de l'environnement sur les combats et la récolte des ressources. Le relief permet aux unités à distance d'obtenir une portée et une ligne de vue plus importante si elles se trouvent haut d'une colline, et les forêts permettent de camoufler les troupes, pour peu qu'elles se déplacent lentement. Si ce n'est pas le cas, les oiseaux présents dans la forêt vont s'envoler et alerter l'ennemi. En parlant d'environnement, des chevaux sauvages se promènent sur la carte de jeu, et suivant le clan que l'on joue, ces chevaux peuvent être ramenés dans un bâtiment spécifique pour être utilisés. Les clans du Dragon et du Serpent vont pouvoir les dresser et faire monter leurs soldats, qui gagneront en vitesse et en puissance, là où le Clan du Lotus pourra les corrompre pour en faire de puissantes montures cracheuses de feu. Le Clan du Loup, moins subtil, utilise les chevaux pour nourrir leurs loups de guerre, qui accompagneront les soldats au combat. Chaque clan possède ses propres unités, qui possèdent diverses caractéristiques, faiblesses et résistances. Au-delà des traditionnels Points de Vie, on peut noter une barre d'Endurance, qui sert à utiliser les capacités spéciales des unités, et des résistances ou faiblesses à certains types d'attaque. Il existe au total six types d'attaque : tranchante, perforante, contondante, explosive, magique ou pyrotechnique, chaque unité étant plus faible ou plus résistante à certains types. En connaissant bien les faiblesses et les résistances adverses, il est tout à fait possible d'annihiler sans difficulté une unité très puissante avec une unité considérée comme plus faible. Cette grande diversité des unités permet un renouvellement des parties important, tout en permettant aux joueurs d'expérimenter et de vite voir quel clan lui convient le mieux (le clan du Loup étant objectivement le meilleur grâce à ses puissants Loups-Garous).

L'Hiver du Loup

En 2002, Liquid Entertainment sortira la seule extension à Battle Realms, appelée Winter of the Wolf. Cette extension propose une nouvelle campagne centrée autour de Grayback, le chef du Clan du Loup et de sa révolte contre le Clan du Lotus, responsable de leur esclavage dans les mines de schiste. Au delà de cette nouvelle campagne, Winter of the Wolf introduira de nouvelles unités et héros pour chaque clan, ainsi que des changements climatiques lors des parties, avec par exemple la neige qui ralentit la croissance du Riz et permettra de pister les unités adverses grâce à leurs traces de pas laissées lors de leur passage dans ladite neige. Petit bémol pour nous, pauvres français : si cette extension sera bel et bien traduite, les nouvelles unités et les dialogues de la campagne ne seront pas doublés en Français, ce qui pourra faire bizarre lors des escarmouches avec la majorité des unités parlant français mais certaines non.

Qu'il s'agisse du jeu de base ou de son extension, il était possible de jouer en ligne à l'époque via Gamespy ou en LAN. Gamespy ayant fermé ses portes aujourd'hui, les options comme Gameranger permettent de redécouvrir le plaisir de la baston en ligne sur Battle Realms.

Le retour du Zen

Battle Realms ayant obtenu à l'époque des avis pour le moins élogieux (17/20 chez JeuxVidéo, 8/10 chez Gamekult, 91% chez le défunt magazine Joystick, et 87% chez Gamespot), le jeu a conservé un statut culte chez une petite frange de joueurs. Pour répondre à cette communauté, Ed Del Castillo publie sur la plateforme Steam en accès anticipé Battle Realms : Zen Edition, un portage du jeu d'origine et de son extension pensée pour les machines modernes et avec un mode multijoueur inclus. A l'heure où ces lignes sont écrites, en janvier 2024, le jeu est toujours considéré comme en accès anticipé, bien qu'il soit tout à fait jouable, malheureusement pour le moment uniquement en anglais.

Lancement du jeu

Le jeu étant en vente sur GOG dans notre belle langue, nous ne le proposerons pas en téléchargement. La version GOG fonctionne à merveille, toutefois l'utilisation de dgvoodoo permet de monter plus haut dans la résolution du jeu.

Panther1944 (Jeu), Whitecoal (Commentaire, screenshots, Extension, Scans CD-ROM, boîte)

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