Sacrifice
Date de sortie
Développement
Édition
Ré-édition budget
Distribution en Italie
Systèmes
systeme




titre Introduction

Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’avoir le sentiment d’être passé à côté de quelque chose ? Je veux dire, découvrir une oeuvre, qu’elle soit littéraire, cinématographique ou vidéo-ludique et qu’à la fin, vous vous disiez “Zut, c’est dommage que j’ai pas découvert ça plus tôt” ? Parce qu’à titre personnel, c’est exactement la réaction que j’ai eu en essayant et terminant Sacrifice en cette belle année 2024, 24 ans après sa sortie en 2000.

Sacrifice est donc un jeu de stratégie en temps réel (ou STR) sorti en 2000. Il est développé par le studio américain Shiny Entertainment, que vous connaissez peut-être pour l’excellente série de jeux de plateforme Earthworm Jim, et édité par Interplay. Shiny Entertainment n’est pas un studio inhabitué aux expériences originales, voire bizarres, autant sur le fond que sur la forme, et si Earthworm Jim se voulait être une petite anomalie dans le monde très codifié de la plateforme en 2D, le studio avait envie d’expérimenter au début des années 2000. Une expérimentation qui se traduira par la sortie de deux projets représentant l’approche décalée du studio de deux genres très populaires en 2000 : d’abord le jeu d’action-aventure avec le très étrange Messiah et enfin le STR avec Sacrifice.

Pour situer un peu le contexte dans lequel a débarqué le jeu de Shiny Entertainment, 2000 est une année située en plein âge d’or du STR. Le Starcraft de Blizzard Entertainment fait encore énormément d’émules deux ans après sa sortie en 1998, entraînant dans son sillage une quantité invraisemblable de clones. Tous les éditeurs s’engouffrent dans la brèche avec plus ou moins de succès, et le marché bouillonne, avec la sortie de titres majeurs comme Age of Empires 2 : Age of Kings, Empire Earth ou les nombreux opus de la série Command and Conquer. Un contexte atrocement concurrentiel dans lequel de très nombreux jeux obscurs vont périr malgré certains titres de qualité, et pour se faire une place, il faut savoir se démarquer de ses concurrents. C’est ce que va tenter de faire Sacrifice, en offrant une vision radicalement différente du genre, pour le meilleur (dans la majorité) mais aussi parfois pour le pire.

titre MOBA(ge of Empires)

Se plonger dans le gameplay de Sacrifice, c’est assister à une sorte de chaînon manquant entre le STR conventionnel et le MOBA, un sous-genre du jeu de stratégie en temps réel popularisé par League of Legends ou Defense of the Ancients (DOTA pour les intimes). Cela se traduit par un jeu résolument orienté action, débarrassé de nombreux aspects orientés gestion de la base et des ressources qui font l’essence même d’un STR classique. Dans Sacrifice, on incarne un puissant sorcier associé à l’une des cinq divinités du jeu, et le but va être de profaner l’autel adverse au terme d’une rixe épique et disons le, sanglante. Pour se faire, il va falloir l’atteindre, ce fichu autel adverse, et ce n’est pas juste avec notre petit sorcier que l’on va réussir à faire quoi que ce soit. Il va falloir donc se constituer une armée, et pour cela, notre sorcier va pourvoir des créatures diverses et variées qui vont se battre (et mourir dans d’atroces souffrances) selon notre bon plaisir.

Pour invoquer des créatures, il va nous falloir deux ressources : le Mana et les Âmes. Le mana se génère via certaines créatures que l’on invoque, mais aussi via des fontaines de mana qu’il faut capturer et garder sous son contrôle de façon à avoir un afflux constant et ne jamais tomber à court de ressources. L’autre ressource, les âmes, se ramassent sur les cadavres des personnages, qu’ils soient neutres (comme d'innocents petits paysans que vous pourrez joyeusement massacrer pour récupérer l'âme), alliés (quand une de vos créature se fait tuer) ou ennemis (les créatures ennemies décédées). Dans tous les cas, votre sorcier devra lancer un sort pour invoquer un familier qui ramènera l’âme à votre autel, après quoi elle sera disponible pour invoquer une créature. Plus la créature invoquée est puissante, plus elle va nécessiter des âmes et du mana, il est donc important de savoir quelle créature invoquer et quand.

Votre personnage est immortel, mais il ne faut pas le jeter dans la mêlée pour autant. Comme un personnage de MOBA, votre sorcier mettra du temps à réapparaître à votre autel si vous vous faites tuer. Le jeu est basé sur un triangle de forces et faiblesses en fonction des trois types d’unités que vous allez générer : les unités de mêlée sont fortes contre les unités à distance, qui elles sont fortes contre les unités volantes, qui elles sont fortes contre les unités de mêlée. Un triangle de force et faiblesses qui a déjà fait ses preuves dans d’autres jeux, un des exemples les plus connus étant la roue des armes dans la série Fire Emblem, il est donc important de bien choisir avec quelles unités affronter son adversaire. Pour cela, Sacrifice permet de créer des groupes de contrôle et d’assigner des ordres et des formations à ses unités. Un joueur expérimenté pourra donc jouer sur ces différents aspects pour venir à bout de ses ennemis plus facilement. Le sorcier incarné par le joueur n’est pas sans défenses pour autant, et dispose de sorts offensifs et défensifs lui permettant de faire face à l’adversaire, mais il n’est pas invincible pour autant. Chacun des cinq dieux possède ses propres unités avec des caractéristiques propres, le choix du dieu impactera donc votre stratégie et votre style de jeu.

La campagne solo, dont je ne divulguerais aucun élément du scénario dans cette fiche (écrite par un des concepteurs de Starcraft, tiens !) se révèle d’excellente facture, avec de jolies cinématiques et une histoire prenante, qui se veut étonnamment sérieuse par moments, alors que le ton humoristique et léger de certaines scènes pourrait faire penser à une écriture très orientée second degré. Tout ça pour dire que l’intérêt du jeu va au-delà de son simple mode multijoueur, et qu’il est intéressant de s’y plonger rien que pour sa campagne.

titre Joyeuse Bizarrerie

Je disais en préambule que Sacrifice était un jeu qui se voulait original, voire bizarre. Si cela est un peu vrai sur le fond tant son gameplay tranche avec les ténors du genre STR, c’est encore plus le cas sur la forme, véritable cocktail d’invraisemblances visuelles et artistiques qui donne toute sa saveur au jeu de Shiny Entertainment. Déjà, les modèles 3D des unités sont très détaillés pour l’époque, et le Messiah Engine (développé pour le jeu du même nom et ici réutilisé pour Sacrifice) fait des merveilles pour donner vie à ces créatures étranges, bizarres, voire déstabilisantes. On se croirait dans l’adaptation d’une obscure nouvelle de Terry Pratchett, tant la patte humoristique et absurde de l’auteur britannique semble avoir inspiré la direction artistique du jeu. On peut aussi, dans certains modèles de créatures, y voir des références au travail de l’artiste suisse Hans Ruedi Giger, créateur notamment de la figure du Xénomorphe de la série de films Alien.

Cette qualité visuelle se trouve renforcée par les musiques du jeu, qui sont peu nombreuses mais d’une grande qualité, mais il faut également mentionner l’excellent doublage du jeu, grâce aux talents de nombreux acteurs comme Tim Curry (le clown Pennywise dans la première adaptation de Ça de Stephen King, ou Frank-N-Furter dans le Rocky Horror Picture Show) qui offrent une performance d’excellente qualité.

Si Sacrifice est un jeu bardé de qualité, il n’est pas parfait pour autant : beaucoup de tests de l’époque regrettent un aspect brouillon de l’action quand beaucoup de créatures se jettent dans la mêlée, ce qui rend la gestion des combats parfois très compliquée. La gestion de la caméra et la vue à la troisième personne n'aident pas vraiment, tant il est parfois difficile de se repérer dans l’espace. Certains joueurs regrettent aussi le manque d’aspect tactique du jeu, ce à quoi j’aurais tendance à répondre : euh, on a vraiment joué au même jeu ? Parce que la profondeur stratégique est là, et se contenter d’invoquer au hasard des grosses bestioles signifie souvent une mort rapide et douloureuse si on ne prête pas suffisamment attention à ce qui se passe autour de nous.

titre Conclusion

Échec commercial à sa sortie du à un marché saturé et à un manque de communication auprès des joueurs, Sacrifice sera cependant un beau succès critique. 17/20 sur JeuxVideo.com, 90% sur Joystick, 17/20 sur Gen4… La presse spécialisée est unanime, Sacrifice est un jeu d’excellente qualité qui fut condamné par un marketing inexistant et un marché saturé. Sa ressortie sur Steam très tôt dans la vie de la plateforme lui a permis de se maintenir une communauté dédiée encore aujourd’hui, et le jeu de Shiny Entertainment voit toujours des sorciers déferler sur son mode en ligne pour se vitrifier la face dans la joie et la bonne humeur. Une petite communauté, certes, mais particulièrement dévouée à un titre d’excellente qualité, et qui mérite assurément un Abandonware d’or.

… Mais bon sang, comment j’ai pu passer à côté de ce jeu pendant si longtemps ?!



titre Lancement du jeu

Étant toujours en vente, nous ne pourrons pas vous le proposer mais sachez que Steam propose une version française du jeu.



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