Introduction

Quand j'étais enfant, ma mère voyait d'un sale œil les jeux vidéo qu'elle considérait comme idiots. Du coup, elle ne risquait pas d'aimer me voir jouer à des jeux comme Doom ou Mortal Kombat, qui sont pourtant d'excellents jeux dans leurs domaines respectifs. Non, voyez-vous, ma mère préférait me voir jouer à des jeux intelligents comme Civilization ou Warcraft II. Sacrée Maman ! Elle pensait que jouer à des jeux de gestion ou de stratégie était excellent pour développer les facultés cognitives. Imaginez maintenant qu'on prenne le meilleur de Civilization et le meilleur de Warcraft II et qu'on mixe tout ça pour concocter un jeu. On mélange, on mélange, on filtre, on cuit et ça donne Age of Empires. Ce titre, développé par Ensemble Studios et édité par Microsoft, a juste été un carton monumental à sa sortie en 1997 et son extension a confirmé sa qualité. Vous imaginez bien qu'après un tel succès il faut rempiler pour transformer l'essai. C'est donc en 1999 qu'arrive Age of Empires II : The Age of Kings. Ensemble Studios est toujours aux commandes et n'a rien perdu de son talent, bien au contraire.

I) Le jeu de base

1) Le Pitch et le Principe du jeu de base

Age of Empires vous transportait dans l'antiquité, cette suite vous fait découvrir le Moyen Âge. Vous devrez donc faire évoluer votre empire depuis la fin de l'Antiquité jusqu'au début de la Renaissance. La campagne, assez complète, vous mettra au commandes de cinq civilisations différentes : les Écossais, les Francs, les Mongols, les Sarrasins et les Teutons. Ces campagnes sont un vrai cours d'histoire. En effet, pour les Francs par exemple, vous devrez aider Jeanne d'Arc à délivrer la France de l'occupation anglaise. Je peux vous dire que cette fidélité fait du bien aux personnes dans mon genre qui sont des vrais cancres en histoire-géo !

Au niveau de son principe de jeu, Age of Empires II : The Age of Kings propose tellement de choses qu'on a du mal à savoir par où commencer. Ah, oui ! Déjà, comme son aîné, c'est un jeu de stratégie en temps réel avec des éléments de gestion. Durant la partie, vous devez collecter des ressources (la nourriture, l'or, le bois et la pierre) pour développer votre base et renforcer votre armée pour défaire votre adversaire (ben oui, on n'est pas là pour jouer à la poupée, bleusaille !). Il y a plusieurs façons de gagner une partie classique, on peut par exemple construire une merveille et la faire tenir suffisamment longtemps ; on peut aussi faire ramasser toutes les reliques par des prêtres et les stocker au temple suffisamment longtemps ; on peut aussi écraser militairement l'adversaire (c'est plus propre et plus fun) ; et il y a encore d'autres conditions de victoire.

Mais que serait un Age of Empires sans les fameux âges ? Ici donc c'est le Moyen Âge. Vous commencez à l'âge sombre (le haut Moyen Âge, quoi) qui marque la fin de l'antiquité, et grâce aux ressources collectées et au développement de vos connaissance, vous traversez l'âge féodal et l'âge des châteaux pour atteindre l'âge impérial qui s'apparente au début de la renaissance.

Qui dit gestion dit aussi diplomatie (ah bon ? Mais moi, je veux tout faire péter, mon colonel). Au moyen notamment du marché, vous pouvez échanger des ressources en gérant l'offre et la demande, vous pouvez payer tribut à vos adversaires pour avoir la paix, vous pouvez aussi créer des caravanes et des navires marchands pour faire du commerce.

Enfin, chaque civilisation a ses forces et ses faiblesses ; on sent ces différences au niveau des technologies disponibles ainsi qu'au niveau de l'unité spéciale qu'on peut entraîner grâce à un bâtiment : le fameux château.

Ah oui, il y a aussi un mode appelé "historique" qui contient des explications sur les périodes du Moyen Âge retranscrites dans le jeu - ça fait gadget mais c'est bien !

2) La Réalisation Graphique et Sonore du jeu de base

Age of Empires n'était déjà pas trop mal au niveau technique pour son époque. Pour un jeu sorti en 1999, Age of Empires II : The Age of Kings s'en tire mieux que bien. Le mode graphique est en vue isométrique avec des bâtiments assez imposants qui évoluent graphiquement au fil des âges que vous traversez. Ce principe, déjà présent dans le premier opus, a été amélioré et permet de différencier les groupes de civilisations. Bien qu'un peu figés, les environnements sont bien réalisés eux aussi, enfin les unités sont bien détaillées et bien animées. En fait, il n'y a que deux reproches techniques qu'on puisse faire à Age of Empires II : The Age of Kings. Le premier, les effets pyrotechniques ne sont pas au niveau du reste ; le second, la fluidité générale baisse légèrement lorsqu'on commence à avoir beaucoup d'unités (ben ouais quoi ! C'est un empire oui ou non, bleusaille ?).

Pour ce qui est du son, on est dans le très bon. Les développeurs ont misé sur l'identité de chaque civilisation à travers la bande son. Ainsi les répliques des unités et la musique seront différentes suivant le peuple que vous contrôlerez. Le effets sonores sont bien réalisés également, la palme revenant au bruit que font les bâtiments quand ils s'écroulent. Bref, vous l'aurez compris, les développeurs ont quasiment maîtrisé leur sujet d'un point de vue technique.

3) La Jouabilité et la Durée de vie du jeu de base

Que dire, sinon que la jouabilité de cette suite est quasiment un sans-faute ? Il y a un nombre assez hallucinant de possibilités stratégiques. Tellement hallucinant que j'avais l'impression d'être un singe face au comportement de l'IA. Déjà, le nombre d'unités différentes (terrestres comme maritimes) est assez important. Mais surtout, ce sont les améliorations qui impressionnent, elles sont nombreuses et elles décuplent les possibilité stratégiques pour écraser l'ennemi. En comparaison, des jeux comme Warcraft II ou Starcraft donnent la possibilité d'améliorer les unités, mais ces améliorations, bien que significatives, sont limitées. Dans Age of Empires II : The Age of Kings, il y en a littéralement des tonnes et elles modifient parfois le comportement même des unités et bâtiments concernés. Je dois reconnaître que j'ai été un peu noyé dans tous ces choix avant de trouver mes marques pour développer ma propre stratégie. Et n'allez pas croire qu'Age of Empires II : The Age of Kings est dur à appréhender à cause de ça. Tout est superbement expliqué, on n'est du coup jamais réellement paumé. En fait, niveau difficulté, on est proche d'un juste milieu rarement atteint dans le jeu vidéo.

Pour ce qui est de la durée de vie, on est dans l'excellence. Rien que les cinq campagnes de ce titre vont vous occuper pendant un long moment. En plus, comme je l'ai dit plus haut, ces campagnes sont de vrais cours d'histoire puisqu'elles retracent des événements forts du Moyen Âge. Après, libre à vous de gagner ces campagnes en employant une stratégie en contradiction avec la vérité historique (moi, je veux juste empêcher Jeanne d'Arc de cramer, mon colonel). Et, après les campagnes, il y a encore de l'occupation. En effet, il y a des modes additionnels comme le mode Escarmouche où on affronte l'IA dans une partie unique ; on note aussi le mode Death Match où on commence avec une blinde de ressources et où tous les moyens sont bons pour vaincre l'ennemi ; il y a également le mode régicide où on doit défendre son roi et faire tomber le roi adverse (normal, et comme on dit dans Highlander "il ne peut y en avoir qu'un") ; enfin on n'oublie pas les indispensables modes multijoueurs en réseau ou sur internet pour s'éclater à plusieurs.

Mais que serait un bon jeu de stratégie sans éditeur de cartes ? Rassurez-vous, il y en a un dans Age of Empires II : The Age of Kings, il est très bien pensé et vous permet de créer vos propres scénarios et même des campagnes, il suffit de mettre ensemble plusieurs scénarios.

Bref, rien qu'avec le jeu de base vous avez de quoi vous occuper si vous vivez comme un moine, cloîtré à la maison pendant un temps assez long.

II) Et maintenant parlons de l'extension : The Conquerors

1) Le Pitch et les Nouveautés de l'extension

Bon, avec un nom comme The Conquerors, il est évident que cette extension parlera de conquêtes, et on ne parle pas de conquérir le cœur d'une belle (non non, bleusaille), c'est d'un pays tout entier dont on parle. La campagne de cette extension est assez particulière, elle vous mettra pour ses trois quarts aux commandes de trois des cinq nouvelles civilisations ajoutées au jeu : les Espagnols, les Huns et les Aztèques. Autant le dire tout de suite : il y aura des disparités d'époque dans le déroulement de cette campagne, puisque les missions aztèques vous mettront aux prises avec les conquistadors alors que celles des Huns retraceront les plus grandes batailles d'Attila (le rouleau compresseur humain). Le dernier quart de la campagne est encore plus particulier car il enchaîne plusieurs batailles qui n'ont a priori rien à voir entre elles vu qu'elles ont eu lieu à des endroits aussi différents que Poitiers ou Yamazaki. Dans cette dernière partie, vous contrôlerez entre autres les Mayas et les Coréens. Comme le jeu de base, cette extension est un cours d'histoire mais libre à vous de décider du déroulement des combats, quitte à contredire les faits historiques.

Du côté des nouveautés de gameplay, eh bien, rappellons qu'il y a cinq nouvelles civilisations à contrôler : les Espagnols, les Huns, les Aztèques, les Mayas et les Coréens. Comme celles du jeu de base, ces civilisations ont leurs forces et leurs faiblesses. On note aussi l'arrivée de nouvelles technologies réparties dans les différentes civilisations du jeu de base, ce qui permet de modifier un peu la façon de jouer ; il y a quelques améliorations de gameplay bienvenues, comme des fonctions automatiques de récolte appliquées aux villageois lorsqu'ils ont fini de construire un bâtiment de collecte de ressources ; on a aussi la possibilité de transformer les béliers en transports de troupes (y a pas intérêt à foncer dans le mur quand les troupes sont dans le bélier, mon colonel), etc. Il y a également trois nouveaux modes de jeu qui ont été ajoutés aux partie uniques et au mode multijoueur : la course à la merveille, la défense de la merveille et le roi de la colline. Enfin, le mode historique est mis à jour et contient des informations sur les cinq nouvelles civilisations.

2) La Réalisation Graphique et Sonore de l'extension

C'est le premier petit point noir de cette extension, il y a très peu d'améliorations techniques et artistiques. D'un point de vue purement technique, c'est quasiment identique au jeu de base, il y a quelques améliorations graphiques au niveau de l'interface mais c'est tout. Après, au niveau artistique, il y a quelques nouveautés avec les unités uniques et les merveilles des nouvelles civilisations. Du point de vue du son, c'est un peu le même constat, les améliorations sont seulement artistiques - on a de nouvelles musiques et de nouvelles répliques des unités, le tout lié bien entendu aux nouvelles civilisations. Bon, dans l'absolu, on ne peut pas vraiment reprocher son peu d'évolution technique à cette extension, car, justement, c'est une extension et le jeu de base était déjà très correct dans sa réalisation graphique et sonore.

3) La Jouabilité et la Durée de vie de l'extension

Comme je l'ai dit plus haut, le gameplay de cette extension reçoit quelques améliorations bienvenues. Il y a bien sûr les nouvelles technologies qui modifient un peu la façon de jouer, mais, surtout, deux points essentiels : d'une part, des modifications ont été apportées à certaines unités pour améliorer l'équilibre des forces, ce qui permet de diversifier un peu plus son jeu et ne pas prendre toujours la même civilisation avec le mode où toutes les technologies sont débloquées ; d’autre part, les villageois sont beaucoup plus dégourdis, ils intègrent plus d'automatismes en fonction des bâtiments qu'ils construisent et on n'est pas obligé d'être derrière eux pour qu'ils aillent récolter les ressources (y a plus besoin de fouetter Jacquouille pour qu'il se remette au boulot, mon colonel). Enfin, l'éditeur de scénarios et de campagnes a été amélioré et devient encore plus intuitif.

Parlons maintenant de la durée de vie, ce qui nous amène au deuxième petit point noir de cette extension : je trouve que certains contenus ajoutés sont un peu légers. Je ne parle évidemment pas des nouvelles campagnes qui représentent un bon temps de jeu, mais plutôt du nombre de civilisations ajoutées : cinq, c'est moins de la moitié de ce que propose le jeu de base (treize civilisations). Du coup, il faut vraiment jouer les campagnes si on veut en avoir pour son argent, car une fois qu'on a fait les nouveaux modes de partie unique avec les cinq civilisations, eh bien, on tourne un peu en rond... Bien sûr, il y a le multijoueur et l'éditeur de scénarios et de campagnes qui permettent de prolonger efficacement l'expérience, mais bon ! Quand même, ceux qui ont vraiment apprécié le jeu de base ne se lasseront pas de refaire cette extension.

Conclusion

Age of Empires II : The Age of Kings a été un véritable succès public et critique lors de sa sortie et ce succès est tout à fait mérité. On retiendra une jouabilité exemplaire offrant un nombre colossal de possibilités, et aussi une excellente durée de vie compte tenu des campagnes du jeu de base et de son extension, des modes de jeu additionnels et de l'éditeur de scénarios et de campagnes. Finalement ce jeu porte bien son nom, il a été développé par des rois ! Et il ne vole pas son Abandonware d'or.

Anecdote intéressante

Age of Empires II : The Age of Kings est un jeu de Microsoft sorti avant l'arrivée de la première Xbox. Du coup, il n'aurait normalement pas dû atterrir sur des consoles. Eh bien, en fait si ! Il a été adapté sur deux autres supports que PC et Mac. La première adaptation est sortie en octobre 2001 sur Playstation 2, elle reprend le contenu du jeu de base ; la seconde s'est faite en novembre 2006 sur Nintendo DS, et là, par contre, pas mal de trucs ont été chamboulés, on est passé d'un RTS à un jeu au tour par tour avec un contenu largement moins important.

Mais où est le jeu ?

Le titre est de nouveau commercialisé. Il n'est donc pas disponible en téléchargement sur le site.

Old-Games.RU (Patch), Panther1944 (Jeu)

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