Jekyll et Hyde

Cauchemars dans le Londres Victorien

Londres, 1890. Le bon vieux Docteur Jekyll est partagé entre sa vie professionnelle, dans un hôpital pour aliénés, et sa vie familiale avec sa fille Laurie, qu'il élève seul en sa qualité de veuf. Le double Hyde est depuis longtemps abandonné au fond de son laboratoire secret et Jekyll a une vie bien rangée. Oui mais voilà...Un soir d'orage, une émeute au sein de l'hôpital vient détourner l'attention du personnel et un malade arrivé quelques jours plus tôt, Burnwell, enlève Laurie et met Jekyll au défi de lui rapporter un grimoire et des artefacts pour une société secrète. Le Docteur a une nuit pour accomplir cette quête s'il veut revoir sa fille vivante. Et il devra compter sur son double maléfique pour aller au bout de cette route semée d'embûches.

Un gameplay cauchemardesque...

Disons-le sans ambages : Le jeu a été pensé, conçu et développé pour la console. Et si comme votre humble testeur vous pensez en venir à bout avec votre petit clavier de salon, vous vous fourrerez le doigt dans la souris !

Le menu permet de retrouver les différents mouvements, mais il n'y a pas de grande surprise : Le jeu reste classique, avec des flèches directionnelles pour se déplacer, la touche CTRL gauche pour se servir de son unique arme (la canne pour Jekyll et les poings pour Hyde), la touche Espace pour sauter, Entrée pour agir, et Maj + flèche pour courir. L'inventaire s'ouvre avec la touche I, et il faudra faire attention de ne pas utiliser l'objet au lieu de le glisser dans l'inventaire, sachant que les potions de santé sont rares et que l'on peut les boire même si votre jauge de santé est pleine.
Pour ce qui est de cette partie du test, on peut dire qu'il y a trois défauts rédhibitoires :

- La maniabilité
- Les caméras
- La difficulté

Pour le premier point, c'est le parti pris "console" qui est à l'origine de ce défaut : La souris n'a aucune utilité, et les déplacements se font de façon aléatoire : chaque saut est compliqué, et les moindres acrobaties se transforment en risque de game over.Les caméras (Q pour faire tourner la caméra et D dans le sens opposé, et S pour épouser le point de vue du personnage) sont souvent en décalage avec le moteur du jeu, et il n'est pas rare de se retrouver le regard dans une pièce et le personnage dans un couloir où il se fait mettre en pièce par un ennemi.

La difficulté, alliée aux deux défauts précédents, est sans doute remarquable : On aurait aimé des niveaux de difficulté, comme cela se fait dans la plupart des jeux d'action ou de plates-formes. Ici, une seule difficulté, avec un seuil d'exigence qui se manifeste dès le premier niveau, sans doute aussi parce que les potions de santé se font rares au cours de vos pérégrinations. Ajoutez à cela une gestion de l'inventaire qui peut être déconcertante (on peut boire la fiole de potion de santé au lieu de la ranger même si la jauge est à son maximum) et on comprend que ce jeu est un des plus difficiles de sa catégorie dans la période du début des années 2000.

...et des graphismes grandioses

Le point fort du jeu, c'est son ambiance gothique et son design singulier : Le studio parisien d'In Utero a recruté une vingtaine de personnes dédiées au développement de ce jeu, alors que le chef d'oeuvre en développement était Evil Twin : Cyprien's Chronicles. La tendance était de recruter des dessinateurs de Bande dessinée, dans les jeux d'aventure ou dans les jeux de plates-formes. C'est Stéphane Levallois, qui apporte sa touche unique aux personnages et aux décors : On se croirait dans les films expressionnistes du cinéma allemand des années 20 (le cabinet du Dr Caligari, la chute de la maison Usher) et l'ambiance en est des plus réjouissantes. On a également la touche d'Anthony Lejeune, le directeur artistique qui est à la manette d'Evil Twin. Ajoutez à cela un travail sonore remarquable, avec une bande-son réjouissante de Bertrand Eluerd, qui sera aussi crédité pour Evil Twin, et on tient les joyaux de ce studio qui prépare les talents de ce début de siècle. Nombre d'entre eux seront ensuite recrutés par les studios les plus grands, à l'instar d'Ubi Soft. On retrouve un foisonnement d'idées pertinentes, avec ce croisement de missions entre Jekyll (le docteur faible qui réfléchit et se faufile) et Hyde (le monstrueux athlète qui est doté d'une force de cheval et d'une frappe de gorille, et qui peut sauter très haut et très loin). La potion permet de se transformer, mais on ne contrôle pas le retour au Docteur Jekyll. De même, il y a un inventaire pour Jekyll mais pas d'inventaire ni de fiole de santé pour Hyde. Certaines zones ne sont accessibles qu'à l'un ou l'autre des personnages, ce qui permet de bien fouiller les lieux de votre aventure.

Conclusion : à essayer pour se faire une opinion !

Le jeu comporte de nombreux défauts et est un petit galop d'essai pour l'équipe enthousiaste d'In Utero. On ne peut parler de réinvention des codes de ce type de jeu, mais il y a une belle inventivité, une ambiance unique et une trame scénaristique qui se dévoile par le biais de cinématiques au gré de vos niveaux. Peu à peu, une sombre conspiration se fait jour, et il vous faudra tout votre talent, et surtout votre patience, pour aller au bout de cette aventure. On aime ou on déteste, mais essayez-le, car ce jeu ne peut vous laisser indifférent. Un joli trésor sans doute mésestimé à sa sortie. Faites-vous donc une opinion !

Lancement

Le jeu fonctionne sans bugs sous Windows 10. Personnellement, je n'ai pu faire fonctionner correctement la version automatique mais ai réalisé le test sans émulation avec mon PC sous Win 10.

Saville (Jeu, scans)

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