COBRA SOFT
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Cobra Soft est une émanation d’ARG, une petite imprimerie fondée par Bertrand Brocard à Chalon-sur-Saône. Brocard a commencé à apprendre l’ingénierie informatique avec un TRS-80, puis un ZX80, un ZX81 et un Oric-1. Il a écrit quelques logiciels pour petites entreprises, mais après quelques tentatives infructueuses pour trouver un éditeur, il a décidé de les vendre lui-même et a ouvert une boutique, "Micros et robots", pour vendre des ordinateurs Oric. Il sympathise avec l’un de ses clients, Gilles Bertin, qui était assez compétent en programmation - il a programmé la partie manquante du langage Forth sur la bande mal dupliquée qu’il avait achetée. Les deux hommes décident de développer des logiciels commerciaux et éducatifs ainsi que des jeux informatiques sous le label Cobra Soft. Bertrand Brocard, le créateur en chef, et Gilles Bertin seront rejoints plus tard par les programmeurs Jacky Adolphe et Roland Morla, un ancien technicien en télécommunications spécialisé dans les jeux de dames, et les graphistes Christian Descombes et Nathalie Delance.
Cobra Soft est officiellement lancé en 1985, et deux de leurs premiers jeux connaissent un succès rapide : Cobra Pinball, un jeu de flipper, et Meurtre à grande vitesse, le premier jeu de leur série "Meurtres". Alors que la popularité de l’Oric déclinait, les deux jeux sont convertis sur Amstrad CPC et Thomson. Sage décision : 20.000 unités de Meurtre à grande vitesse sont écoulées, et Cobra Pinball partage le Tilt d’or du meilleur jeu de flipper avec Macadam Bumper. Pour la sortie de Meurtres sur l’Atlantique, la suite de Meurtre à grande vitesse, Cobra Soft lance un concours pour gagner une croisière sur la mer Méditerranée. L'emballage du logiciel est particulièrement soigné : c'est un un fichier cartonné contenant plusieurs documents physiques (un journal, des lettres manuscrites ou anonymes, un télégramme, des cartes de visite, un plan du bateau avec la liste des passagers). La simulation navale HMS Cobra - Convois pour Mourmansk est vendu dans une grande boîte de jeu recelant un plan de la mer du nord, un rapporteur, une règle et le livre "La Bataille des convois de Mourmansk" de Jean-Jacques Antier.
Cobra Soft est alors l’un des éditeurs de logiciels les plus prometteurs en France, mais, comme ERE Informatique, ils ont peu d’expérience dans la distribution (ils s’appuyent sur la vente par correspondance et la vente en magasin), et cela menace leur pérennité. C’est pourquoi les deux entreprises ont recours à la même solution : elles s'allient à Infogrames. L’équipe de programmation de Cobra Soft est rebaptisée Hitech Productions et vend la propriété intellectuelle du nom "Cobra Soft" à Infogrames, qui leur reverse une redevance mensuelle et devient leur éditeur et distributeur. Les produits étiquetés "Cobra Soft" sont donc fabriqués par la même équipe (à l’exception de la gamme "Cobra présente" de jeux britanniques importés, utilisée sans le consentement de Bertrand Brocard), mais ils ont réalisent également quelques jeux pour leur propre compte.
Avec ce deal en poche, Cobra Soft sort en 1987 Histoire d’or, leur seul jeu sur PCW, et Meurtres en série, le nouvel épisode de la série "Meurtres". Le gameplay présente maintenant des similitudes avec Le Manoir de Mortevielle. Le logiciel comprend également un petit jeu d’action et une fonctionnalité permettant de numériser une photo de votre visage et de l’intégrer dans le jeu ! Mais une fois de plus, c’est son emballage qui a fait de Meurtres en série un monument dans le jeu vidéo français. Le jeu est vendu dans une petite caisse en bois (voir Trivia) remplie d’indices physiques : une tablette d’argile avec un message mystérieux, un faux bâton de dynamite, un bas de femme, une carte à jouer, un bouchon de liège, des lettres manuscrites, des images et des plans... Infogrames a dû remplacer le contenu endommagé, et ce n’était pas bon marché. Meurtres en série ne reçoit pas de Tilt d’or, mais Cobra Soft remporte un Tilt d’or spécial pour l’ensemble de leur contribution à l’industrie française du jeu vidéo.
L’année 1987 marque le début en France d’un engouement pour les adaptations de bandes dessinées franco-belges sur ordinateur, et Cobra Soft choisit d'abord d’adapter le film "Les Ripoux" de Claude Zidi, ce qui en fait la première adaptation d’un film français en jeu vidéo - et la seule jusqu’à Un Indien dans la ville en 1996. Après le jeu vidéo, l’équipe de Hitech Productions conçoit également le jeu de société publié par Schmidt. En 1988, et c’est l’heure de la bande dessinée. Cobra Soft adapte le classique d’Edgar P. Jacobs, "La Marque Jaune". Le jeu est vendu avec une édition spéciale de la bande dessinée. L’autre incursion de Cobra Soft dans le monde de la bande dessinée est "Turlogh le rôdeur", un projet en deux parties. La première est une bande dessinée interactive publiée par Delcourt, fonctionnant de la même manière que les "livres ont vous êtes le héros", et la deuxième partie est le jeu vidéo. C’est le premier et le dernier jeu de rôle pour Cobra Soft, et il n’a pas reçu de très bonnes critiques. Autre adaptation, celle du jeu de société Maxi Bourse.
Cobra Soft sort deux autres jeux en 1988 : Action Service et Meurtres à Venise, le premier jeu de la série "Meurtres" conçu spécifiquement pour les ordinateurs 16 bits. Comme il l’a fait pour plusieurs autres jeux, Bertrand Brocard s’est rendu à Venise pour prendre des photos de la ville et saisir son atmosphère. Le résultat est une grande reproduction de la ville sur plusieurs écrans défilants, avec beaucoup de lieux et de personnes à qui parler (dont les visages sont des employés de Infogrames et Cobra Soft). La boîte de Meurtres à Venise contient, comme d’habitude, beaucoup d’objets : une pellicule, des lettres, des articles de journaux, des billets... C’est aussi le dernier jeu portant la marque Cobra Soft : confronté à de graves difficultés financières, Infogrames cesse d'utiliser ce nom et veut déménager Cobra Soft à Lyon, mais l’équipe refuse et continue de travailler sous le nom Hitech Productions. La suite de l'histoire se trouve donc sur la fiche de cette société.
Présentation de la logithèque de la société par Bertrand Brocard en personne, sur son site : "Dans la collection des titres Cobra Soft, à côté d'autres "hits" comme l'incontournable Cobra Pinball et HMS Cobra, la série Meurtres tient évidemment une place à part. Le concept d'enquêtes policières associées à de véritables indices et de lieux réels était nouveau à l'époque mais n'a jamais été repris depuis. A une époque où la représentation graphique était nécessairement minimaliste, les objets associés (objets, photos voire cassette audio...) enrichissaient vraiment le jeu, lui donnaient une autre dimension, et assuraient une relative protection contre le piratage".
Une auto-présentation de Cobra Soft : "Une gamme complète de logiciels pour micro-ordinateurs personnels : Jeux d'arcade, d'aventure, de réflexion ; logiciels utilitaires ; logiciels éducatifs".
Adresse (1) : 5 avenue Monnot, 71100 Chalon-sur-Saône
Adresse (2) : B.P. 155, 32 rue de la paix, 71104 Chalon-sur-Saône CEDEX
Trivia
Les caisses que Cobra Soft avait commandées pour stocker le jeu n’étaient pas complètement sèches lorsqu’ils les ont reçues. L’équipe a rempli les caisses, les a enveloppées d’un film plastique et les a envoyées aux magasins et aux clients. Quelques jours plus tard, ces clients ouvrent leur caisse et trouvent son contenu plus ou moins attaqué par la moisissure - certains pensaient que c’était prévu !
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